Le Malade imaginaire.

sur le blog de Christine Hervouin
Le malade imaginaire en ombres chinoises

Trois et deux font cinq, et cinq font dix, et dix font vingt; trois et deux font cinq.

"Plus, du vingt-quatrième, un petit clystère insinuatif, préparatif et rémollient, pour amollir, humecter et rafraîchir les entrailles de monsieur?" Ce qui me plaît de monsieur Fleurant, mon apothicaire, c'est que ses parties sont toujours fort civiles. "Les entrailles de monsieur, trente sols." Oui; mais, monsieur Fleurant, ce n'est pas tout que d'être civil; il faut être aussi raisonnable et ne pas écorcher les malades. Trente sols un lavement! Je suis votre serviteur, je vous l'ai déjà dit; vous ne me les avez mis dans les autres parties qu'à vingt sols; et vingt sols en langage d'apothicaire, c'est-à-dire dix sols; les voilà, dix sols.

"Plus, dudit jour, un bon clystère détersif, composé avec catholicon double, rhubarbe, miel rosat, et autres, suivant l'ordonnance, pour balayer, laver et nettoyer le bas-ventre de monsieur, trente sols." Avec votre permission, dix sols.

"Plus, dudit jour, le soir, un julep hépatique, soporatif et somnifère, composé pour faire dormir monsieur, trente-cinq sols." Je ne me plains pas de celui-là; car il me fit bien dormir. Dix, quinze, seize, et dix-sept sols six deniers.

"Plus, du vingt-cinquième, une bonne médecine purgative et corroborative, composée de casse récente avec séné levantin, et autres, suivant l'ordonnance de monsieur Purgon, pour expulser et évacuer la bile de monsieur, quatre livres. Ah! monsieur Fleurant, c'est se moquer: il faut vivre avec les malades. Monsieur Purgon ne vous a pas ordonné de mettre quatre francs. Mettez, mettez trois livres, s'il vous plaît. Vingt et trente sols.

"Plus, dudit jour, une potion anodine et astringente, pour faire reposer monsieur, trente sols." Bon, dix et quinze sols.

"Plus, du vingt-sixième, un clystère carminatif, pour chasser les vents de monsieur, trente sols." Dix sols, monsieur Fleurant.

"Plus, le clystère de monsieur, réitéré le soir, comme dessus, trente sols." Monsieur Fleurant, dix sols.

Pourquoi chercher une définition de l’hypocondrie ailleurs que chez Molière ? Qui peut, mieux que le malade, décrire sa souffrance si ce n’est précisément le génie malade ? On a beaucoup glosé sur le fait que Molière – Argan est mort à la quatrième représentation de son Malade imaginaire, dans une des scènes finales (où a débuté sa toux fatale), celle où il est nommé en latin macaronique au grade de médecin. Imaginons le donc, récitant ce qu’il avait lui-même écrit :

le Président :

« De non jamais te servire

De remediis aucunis,

Quam de ceux seulement doctae Facultatis;

Maladus dût-il crevare

Et mori de suo malo

Le Bachelier :

Juro »

Molière, le dramaturge et comédien, jura, cracha le sang et mourut dans la nuit. Le maladus dût-il « crevare » « de suo malo ». Il creva.


"Ne perdez point ces précieux moments; / La beauté passe, / Le temps l'efface, / L'âge de glace / Vient à sa place, / Qui nous ôte le goût de ces doux passe-temps. / Profitez du printemps / De vos beaux ans... "